Entreprendre pour un futur durable et solidaire : l’entrepreneuriat social décrypté
La pauvreté dans le monde, le réchauffement climatique, les discriminations… ces enjeux sociaux et environnementaux, on en entend parler quotidiennement, et il existe des milliers d’études, de recherches en cours qui les mettent en avant. Mais après le constat, comment passer à l’action et proposer des solutions ? Voici un article qui vous dit tout sur l’entrepreneuriat social, pour célébrer la semaine de l’entrepreneuriat et le mois de l’ESS !
Une analyse des problèmes de société
Pour répondre à un besoin social, la première idée qui vient à l’esprit est de s’engager au sein d’une association à but humanitaire, ou pour une oeuvre caritative. Mais ce ne sont pas les seules solutions : il est possible de créer une entreprise au service de la société.
Le but de cette création est de se confronter aux problèmes, les défier, les analyser en détails et trouver une solution qui bénéficie aux personnes dans le besoin. « Selon mon expérience personnelle, nous avons souvent la fausse impression que le plus dur est de trouver « LA » bonne idée, quand, en réalité, il suffit de s’entraîner progressivement et se mettre peu à peu dans des situations et positions de recherche d’opportunités et de potentiels projets entrepreneuriaux » explique Colin Kermarec. Cet étudiant en master 2 à l’IESEG développe son projet RépubliK’Inter avec Enactus France, qui vise à ouvrir une résidence pour les étudiants internationaux, afin de leur permettre une meilleure intégration en France. Alors, le plus important à retenir, c’est de passer rapidement à l’action pour trouver des idées et les enrichir en cohérence avec la réalité du terrain. Une fois ces étapes passées, il est temps de réfléchir à une étape technique et parfois complexe : le business model social.
Créer un modèle économique à lucrativité limitée
Un entrepreneur social crée une entreprise qui peut adopter n’importe quel statut juridique (SARL, coopérative, association…) et ses ressources financières fixes peuvent provenir du service ou produit lui-même. Le plus important est de considérer l’argent comme un moyen et non une fin. Mais comment génération de revenus et finalité sociale peuvent-elles fonctionner ensemble ? Perrine Dereux, créatrice d’EthiCS, boutique zéro déchet et consommation durable, nous répond : « Parfois, certaines personnes ne comprennent pas que je veuille vendre des produits dans une démarche éthique et responsable, c’est vu comme trop paradoxal. Mais je pense qu’il faut savoir mettre l’argent au bon endroit, ça ne doit pas être une finalité. Si c’est une finalité, tu ne fais plus attention à la fabrication de tes produits ou à ce qu’ils apportent aux gens. »
Malgré ces challenges quotidiens, l’entrepreneuriat social réveille de plus en plus l’intérêt des nouvelles générations et leur volonté de s’engager.
Une envie d’engagement qui grandit au fil des années
L’entrepreneuriat social évolue au sein de l’Économie Sociale et Solidaire, et depuis quelques années en France, ce secteur est en pleine expansion : ce sont 200 000 entreprises au total, représentant 10% du PIB. Les entreprises de l’ESS emploient plus de 2,36 millions de salariés selon un rapport du Ministère de l’Economie et des Finances. Par conséquent, de plus en plus de jeunes souhaitent avoir une activité qui offre une réponse aux besoins d’une population ou d’un territoire. En effet, selon l’Avise, près de 60% des jeunes de 18-24 ans se montrent attirés par le secteur de l’ESS pour y travailler ou y lancer leur propre activité. Colin Kermarec fait partie de ces jeunes à la recherche d’une activité qui a du sens: « Je ressens le besoin de m’engager dans ma vie et pour la société, non seulement pour contribuer à son développement économique, mais surtout pour créer du sens dans les questions sociétales contemporaines. »
Une aventure humaine et solidaire
« Je ressens le besoin de m’engager dans ma vie et pour la société, non seulement pour contribuer à son développement économique, mais surtout pour créer du sens dans les questions sociétales contemporaines. »
Ces entreprises sociales dégagent de nombreuses possibilités pour les entrepreneurs, mais aussi pour les bénéficiaires directs et indirects de ces solutions. Il s’agit des personnes pour lesquelles le produit ou service créé apporte une réponse à un besoin du quotidien. Hubert Motte a lancé son entreprise La vie est Belt il y a un an et demi : il recycle des pneus de vélo et d’autres matériaux pour en faire des accessoires de mode. Mais il ne le fait pas seul : « J’ai besoin de contact humain dans mon travail, besoin de transmettre mes envies. J’ai décidé de permettre un emploi de confection à trois personnes en situation de handicap en partenariat avec la structure AlterEos. Voir leur évolution et leurs réussites au quotidien, ça donne une motivation incroyable. »
L’entrepreneuriat social a pour but d’imaginer et de construire un monde plus durable, solidaire et innovant. Des jeunes projets naissent peu à peu et les idées reçues sur l’ESS (salaires peu élevés, modèle économique peu stable, travail très social, structures jeunes et de proximité uniquement..) s’effacent au fil des années. Toutes ces initiatives relèvent d’une volonté d’entreprendre différemment, de manière responsable, ce qui peut parfois sembler complexe. Mais finalement, l’entrepreneuriat du changement est en expansion et incite de plus en plus de personnes à se questionner sur leurs habitudes au quotidien.