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On ne naît pas résilient, on le devient

Etudiant - Entrepreneuriat - Résilience

 “Je remarque qu’il y a des gens qui tombent et ne se relèvent pas et d’autres qui se relèvent. Pourquoi ? On aimerait tous le savoir !” nous confie Clara, une étudiante accompagnée par Enactus France. Tout comme Baptiste et Clothilde, nous l’avons interrogée sur la notion de résilience, avec la conviction qu’entreprendre en étant étudiant permet de développer cette précieuse capacité à apprendre d’un échec, à se relever après une épreuve, en sortant plus fort. 

Les étudiants qui entreprennent sont-ils les heureux détenteurs de cette capacité de résilience,  à mi-chemin entre adaptabilité, agilité, confiance en soi, optimisme et persévérance, telle qu’elle est définie par l’équipe d’Enactus France ? 

Ces 3 étudiants sont de ceux qui prennent leur destin en main et ils nous éclairent en partageant leur expérience !

Développer sa résilience en restant en mouvement face aux difficultés

“Avec mon association, j’ai gagné en résilience, parce que quand tu portes un projet, tu te prends des uppercuts en permanence, il y a eu des moments avec tellement de hauts et de bas. Il faut s’adapter.” nous confie Baptiste.

Baptiste, ancien étudiant ingénieur et entrepreneur, nous livre le premier ingrédient pour développer sa résilience : le mouvement. Son aventure avec En vert et avec tous, débutée en 2017, vise à donner l’opportunité aux élèves d’apprendre le mieux manger par l’action. Mais qui dit élèves, dit école… et dit arrêt de l’activité au moment du confinement. Ce coup d’arrêt net de toutes les actions et prestations pédagogiques en cours et programmées a été dur à vivre pour Baptiste et son associé. A ce moment-là, le dynamisme associatif de Grenoble leur a fait du pied et leur a donné l’impulsion pour repartir avec un nouveau projet de grand jardin mutualisé entre plusieurs écoles. Cela faisait 3 ans qu’ils avaient cette idée derrière la tête sans avoir l’occasion de la concrétiser et Baptiste l’atteste alors “Le plus important n’est pas forcément d’aller vite mais d’être en mouvement, ne jamais s’arrêter pour saisir des opportunités”. Pour encourager le mouvement, ses mentors ont joué un rôle clé en calmant le trop plein de questions et en les invitant à se concentrer uniquement sur les bonnes questions. 

Accompagner les étudiants qui portent un projet c’est encourager leur passage à l’action : les encourager à aller sur le terrain, prototyper, tester, itérer, agir, apprendre, développer leurs compétences par l’action, recueillir du concret, ne pas s’arrêter à l’échec, célébrer les victoires intermédiaires aussi, pour prendre confiance. Parce qu’ils agissent et avancent sur un chemin parsemé d’obstacles, les étudiants s’ouvrent à des opportunités, développent des réflexes, de l’adaptabilité et leur résilience à force de s’être relevés. 

Clothilde, étudiante ingénieure et fondatrice de Koya, un projet destiné à accompagner la transition écologique des individus, va plus loin. Pour elle, l’entrepreneuriat est un “catalyseur de situations”. En tant qu’entrepreneur, on passe à l’action quotidiennement et l’on se confronte ainsi à de nombreuses épreuves, victoires mais aussi à soi et ses limites. L’intensité de cette confrontation à la réalité est telle qu’elle accélère le processus de résilience !

La raison d’être de son projet comme moteur de résilience

" D’un seul coup, j’avais un projet dans lequel je pouvais donner toute ma personne. C’était un exutoire, une passion infinie.”

D’ailleurs, pour cette actrice de changement, la mise en action est un engagement vital. Clothilde souffre de problèmes de santé et vit une quête de sens importante quand l’idée de Koya lui vient, elle nous confie qu’alors “la découverte de l’entrepreneuriat a été une solution instantanée à plein de problèmes. D’un seul coup, j’avais un projet dans lequel je pouvais donner toute ma personne. C’était un exutoire, une passion infinie.”

Parce qu’elle a fait preuve de résilience face aux difficultés personnelles qu’elle rencontrait, Clothilde est devenue entrepreneure. Dans les recherches menées par Marie-Josée BERNARD, professeure à l’EM Lyon, il ressort que parfois, la décision d’entreprendre est un vrai projet de reconstruction de soi après une épreuve difficile. C’est l’opportunité de donner un nouveau souffle à sa vie, de guérir des blessures. 

Clara a tout l’air de s’inscrire dans ce processus : étudiante en droit puis en informatique, formation dans laquelle elle trouvait plus de concret et de potentiel pour l’aider à faire partie du changement, sa vie bascule avec un diagnostic. Endométriose sévère. Rien ne serait plus jamais comme avant. Après le choc de l’annonce, Clara vit un temps difficile de latence avant de décider de prendre les choses en main et de trouver une solution pour pouvoir vivre en s’éclatant.  Malgré le diagnostic, de nouveaux troubles apparaissent : elle se met en mouvement, fait des rencontres et devient actrice de son suivi. “Je me suis imposée un suivi ultra complexe avec des classeurs et des classeurs avec lesquels je débarque à mes consultations médicales. Plus je me suivais, mieux j’allais…” Pour se faciliter la vie, elle décide de mettre ses compétences tech au service du développement d’un outil de suivi. Grâce à 500 réponses en moins de 24h à son sondage sur Facebook, elle se rend compte que cet outil serait utile pour bien plus de monde qu’elle ! En novembre 2020, le projet d’entrepreneuriat social WoCare naît. Aujourd’hui, “Ce sont toutes les femmes qui sont derrière et qui ont besoin de cette solution qui me donnent de la force. C’est grâce à elles que je tiens et que le projet avance.”

Être utile à d’autres que soi-même, agir au service de la société en développant un projet à forte vocation environnementale et sociale est donc justement ce qui donne le courage à l’entrepreneur social de surmonter les difficultés. Pour Baptiste, ce courage vient aussi de la grande énergie naïve dont dispose l’étudiant. L’étudiant voit les choses en grand, vise haut, rêve d’un idéal. Il concède, “on se prend d’énormes claques mais on fait tout pour défendre des valeurs, maximiser notre impact, on y croit et c’est ça qui nous porte !”. 

2 piliers de résilience : l’entourage et la perception

Aucun entrepreneur ne vous dira le contraire : on encaisse plus facilement les chocs lorsque l’on est entouré. C’est la conviction d’Enactus France retranscrite dans son programme d’accompagnement aux étudiants qui entreprennent : mentorat, communauté de pairs, chargé d’accompagnement proposant un suivi régulier, encouragement à la constitution d’une équipe, rôles-modèles… 

Baptiste défend l’entrepreneuriat en équipe “être à deux est une véritable force, quand l’un va mal, c’est l’autre qui le tire. Depuis 2017, à aucun moment nous n’avons été tous les deux dans une phase de bas en même temps”

Clothilde peut aussi compter sur ses amis, ses pairs entrepreneurs, ses mentors et sa famille dont la simple présence, le soutien est inestimable. Alors qu’elle traversait une période difficile et qu’elle pensait que ses parents lui conseilleraient d’arrêter pour se préserver, quel n’a pas été son soulagement d’entendre son père lui dire “on est là, pour t’aider à t’y remettre, même pour te faire un prêt si nécessaire”. En plus de ce support de l’entourage, elle veille à cultiver des micro influences positives très concrètes et logiques. Le positif attire le positif, et inversement. 

Chez Clara, la perception positive de la réalité a été déterminante et libératrice dans le développement de sa résilience. Son mantra ? “Si ça marche, tant mieux, sinon, une autre solution sera développée ailleurs, tant que j’ai essayé, que j’ai donné mon maximum, que je me suis éclatée, que cela avait du sens pour moi et les autres, cela valait le coup.”

Ainsi, encourager les étudiants ayant des projets à impact positif à adopter une perception positive est absolument essentiel : apprendre à valoriser l’échec, à voir ce qui nous arrive non pas comme une fatalité mais une opportunité de faire différemment, à accepter les contraintes comme faisant partie intégrante de la vie et y trouver du sens… 

“Je ne suis pas seule à vivre ces difficultés, d’autres avant moi se sont relevés, s’ils le peuvent, je le peux aussi.“ 

Nos modèles peuvent jouer un rôle dans notre perception positive. Entourée de gens passionnés qui se bougent, Clara est entraînée dans une spirale d’actions positives et a envie de se donner les moyens, même dans les moments compliqués. “Je ne suis pas seule à vivre ces difficultés, d’autres avant moi se sont relevés, s’ils le peuvent, je le peux aussi.“ 

Elle va plus loin en abordant notre capacité de choix, entre subir ou réagir : “Je crois en la détermination de chacun par chacun. Chacun peut faire ce qu’il veut de sa vie, à partir du moment où il s’en donne les moyens. Ce n'est pas un événement qui te caractérise car ce n’est pas toi qui le choisis : par contre, tu choisis comment tu vis cet événement. Tu te définis alors par les choix que tu fais.” 

Être étudiant et entrepreneur social c’est donc agir pour l’intérêt général, apprendre à rester en mouvement, à percevoir le positif, à choisir de ne pas subir, à faire confiance mais c’est aussi à s’entourer de piliers. Ces capacités et qualités humaines sont le berceau de la résilience ! Pourquoi certains se relèvent-ils et d’autres non ? Une part du mystère est levée. Entreprenez au service de la société !

Sara Garmendia