Si je devais résumer mon aventure chez Enactus…
Après 12 années chez Enactus France, Céline Sannié, directrice générale adjointe quitte ses fonctions dans l’association. Pour l’occasion, nous souhaitions revenir avec elle sur cette dernière décennie, son parcours et l’évolution d’Enactus. 12 ans d’événements, d’une énergie infatigable, de partage, de rencontres avec des étudiants, des lycéens, des professionnels, des enseignants, et une équipe qui n’a cessé de grandir : Céline raconte.
Quand et pourquoi as-tu rejoint Enactus ?
J’ai rejoint Enactus en février 2012. J’ai travaillé deux ans en cabinet de conseil, mais j’avais envie d’intervenir sur le terrain, sur un poste plus opérationnel, plus concret. Pendant mes études j’ai eu la chance de pouvoir m’engager, monter des projets de solidarité internationale et locale. Dans mon parcours c’est ce qui m’a permis de développer le plus de compétences. Intégrer Enactus, c’était une manière de proposer à d’autres jeunes de vivre cette expérience transformatrice, de s’engager, de se découvrir et d’avoir un impact direct sur la société.
A quoi ressemblait Enactus en 2012 ?
Nous étions 2 salariés : Aymeric, le directeur et moi. On était basés au siège de KPMG, à la Défense. On bricolait beaucoup, j’accompagnais à l’époque environ 300 étudiants, une trentaine d’équipes. J’étais très peu au bureau, beaucoup dans les établissements et universités, en réunion, sur tout le territoire. J’avais des équipes à Nantes, Marseille, Bordeaux… On a assez vite fait grandir l’équipe et ça a apporté beaucoup de richesse. Aujourd’hui on est plus d’une vingtaine de salariés et 15 alternants et volontaires en service civique, cela n’a plus rien à voir !
Quelles ont été les grandes étapes de l’évolution d’Enactus France comme on la connaît aujourd’hui ?
En effet ! En 2012, on accompagnait essentiellement des étudiants en équipe : on travaillait avec des team-leaders qui étaient à la tête d’une association Enactus avec des équipes étudiantes portant des projets. Quelques années plus tard, on a ouvert notre première antenne régionale en Hauts-de-France, pour piloter les programmes en étant plus proche des acteurs sur les territoires. Après les Hauts-de-France, on a ouvert la région Auvergne-Rhône-Alpes, puis le Grand Est.
En 2015 le Ministère de l’Enseignement Supérieur [qui était à l’époque rattaché au Ministère de l’Education Nationale] nous a suggéré de tester notre pédagogie avec des élèves plus jeunes pour sensibiliser sur les sujets sociaux et environnementaux. On a monté un premier pilote et créé un accompagnement annuel avec Hasna Ibrahim. De nombreux outils, qu’on a adapté à notre nouveau public, ont été créés pour que les enseignants puissent animer directement le programme dans les lycées, à l’aide de formateurs. Ç’a été le début d’Enactus Lycéens. On a été beaucoup soutenus par le Ministère et des inspecteurs académiques, et on a très vite pris conscience de l’impact qu’on pouvait avoir sur des lycéens, en voie professionnelle en particulier.
Enfin, dans le supérieur, en 2017-2018, on était très sollicités par des directeurs d’établissements pour des interventions dans des cours, des séminaires de rentrée à l’université. Lily Gros a proposé de créer un laboratoire pour proposer une offre payante d’animation et d’intervention auprès des établissements. C’est comme cela qu’est né Enactus Organisations, qui aujourd’hui accompagne aussi des acteurs de l’ESS, des entreprises à impact : cela nous permet d’avoir un impact auprès d’un public que l’on ne pouvait pas toucher auparavant.
Tu as occupé 4 postes chez Enactus : quels sont-ils et quels ont été tes grands apprentissages lors de ces 12 années ?
Je suis arrivée en tant que Program Manager : mon travail consistait à accompagner les étudiants, leurs projets. Je travaillais aussi aux côtés des enseignants, des conseillers pédagogiques. J’ai adoré voir évoluer les étudiants sur leur projet et travailler en équipe, être toujours dans l’action, c’était un poste très engageant et stimulant. J’étais assez introvertie et ça m’a beaucoup aidé à aller vers l’autre, et à prendre du plaisir dans mes prises de parole. C’est un très grand apprentissage !
L’année suivante on a pu faire grandir l’équipe et fait appel à des volontaires en service civique que j’ai managés, ce qui m’a permis de passer plus sur de la pédagogie, la création des événements, le pilotage et la coordination. Je suis donc passée Responsable de Programme Nationale avec l’ouverture des antennes régionales. Chaque année, l’équipe changeait, le programme évoluait, et le monde extérieur impactait directement ce que l’on faisait. Avec la pandémie par exemple, on a complètement changé notre manière de faire, en intégrant du blended learning dans notre pédagogie. Le digital est devenu un outil puissant d’accompagnement, tout en gardant nos événements en présentiel pour certains moments clés du programme.
Avec la création d’Enactus Lycéens, je suis devenue Directrice des Opérations pour piloter, superviser Enactus Étudiants et Enactus Lycéens, les événements, la communication et les partenariats. C’était davantage un poste de coordination et de supervision. Dans ce poste, j’ai adoré le fait de prendre de la hauteur. J’ai appris à me décentrer du terrain pour voir d’autres enjeux (les partenariats, l’influence, la visibilité, la stratégie). J’ai appris aussi à vraiment déléguer et accepter que les choses soient faites différemment. J’ai beaucoup affiné mon style de management, appris à manager des profils plus expérimentés.
Enfin, je suis devenue Directrice Adjointe à l’arrivée de Mélanie Sueur Sy en tant que Directrice Générale. J’ai pris en charge une partie de la stratégie, de la gestion budgétaire, le digital, les problématiques RH, le bien-être au travail. Ces deux dernières années, on a beaucoup pris les décisions ensemble. Nous avons aussi intégré Cédriane Moreau dans la direction, qui avait assuré l’intérim de la direction générale pendant nos congés maternité à Mélanie et moi. On a fonctionné comme un trinôme de consultation et de décision.
Qu’est-ce qui caractérise la pédagogie Enactus selon toi ?
L’impact a toujours été au cœur de nos sujets. Enactus a construit sa pédagogie autour de l’entrepreneuriat à impact, du passage à l’action et l’expérimentation. Ce sont les ingrédients de tous nos programmes. On a toujours cherché à inciter les étudiants, les lycéens, les professionnels à passer à l’action, mettre en place leurs solutions et rencontrer leurs bénéficiaires, grâce aux événements que l’on organise et le focus sur le terrain. Je pense que c’est en partie ce qui nous caractérise : faire vivre des expériences différenciantes et transformatrices à tous nos publics.
Chez Enactus Lycéens, on s’est toujours attaché à former les enseignants pour que eux forment directement leurs élèves. Ce sont eux, premiers acteurs de l'éducation, qui font le relais entre notre pédagogie et le passage à l'action des jeunes. Avec notre formation et leur engagement, on voit vraiment l'impact qu'on a sur les jeunes !
Une expérience que tu n’aurais pas pensé vivre ?
La réalisation du film Ose Toujours ! Promouvoir l’engagement des jeunes en partant d’une page blanche, écrire et produire un film, c’était un vrai challenge. C’est finalement Jérôme Priolet qui a réalisé, filmé et monté le film et Enactus qui l’a produit. Nous avons aussi été soutenus par le réalisateur et journaliste Benjamin Carle et par la Fondation Entreprendre. Ça a vraiment été un de mes projets adorés de l’année dernière, et un de mes meilleurs souvenirs.
Peux-tu nous parler de rencontres qui t’ont particulièrement marquées ?
Il y en a eu tellement ! Je pense en premier à Cassandre : ma première stagiaire, qui était une étudiante accompagnée par Enactus. On a monté ensemble le premier événement Éclosion, on a vécu une WorldCup Enactus à Washington ensemble. Elle n’est restée que 6 mois, mais ç’a été une rencontre très forte !
Evidemment, Aymeric avec qui j’ai travaillé pendant 10 ans, qui m’a appris tout ce que je sais faire aujourd’hui : la pédagogie, la prise de parole, la formation, le management, la gestion de projet, l’animation… Au bout de quelques années, on a fini par se connaître par cœur et finir les phrases de l’autre. Ça nous a parfois posé problème !
Il y a eu aussi la rencontre avec Laetitia, Meryem et Anouchka de Drepacare : elles sont arrivées avec un projet que personne ne comprenait. On a trouvé le projet génial avec Jérôme et on a pris énormément de plaisir à les accompagner tout au long de l’année. Elles ne se sentaient pas entrepreneuses dans l’âme, et à force de tester, et leur faire rencontrer les bonnes personnes, des gens qui croyaient en elles, elles ont continué leur projet et Drepacare existe encore aujourd’hui.
J’ai aussi de très beaux souvenirs d’enseignants. Avec Enactus Étudiants j’ai rencontré énormément d’enseignants talentueux, disponibles pour leurs élèves même en dehors de leurs heures de cours. Chez Enactus Lycéens, chaque rencontre est très forte. On travaille avec des enseignants en lycée professionnel, qui ont peu de reconnaissance, qui ne comptent pas leurs heures, qui souhaitent donner le meilleur à leurs élèves, et croient en eux. C’est un dévouement vraiment remarquable et je suis très admirative de leur engagement.
L’équipe a toujours été un moteur pour toi : comment vois-tu les choses pour la suite ?
L’équipe, c’est en partie ce qui fait que je suis restée aussi longtemps. Chaque année j’ai rencontré tellement de personnes extraordinaires avec qui j’ai adoré travailler. Je suis confiante et je pars sereine car je sais que l’équipe va très bien s’en sortir. On a bien pensé et organisé les choses, j’ai confiance en Fanny Lecroard qui est déjà en poste depuis 5 ans chez Enactus et prend la Direction des Opérations : elle a toutes les compétences pour tenir ce rôle, elle sait bien d’où on vient, où on va, elle connaît très bien les programmes Lycéens et Étudiants. Cédriane et Mélanie connaissent bien et maîtrisent les autres missions. En résumé, je suis très confiante !
Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
De prendre du temps pour moi d’abord, et de retrouver une équipe aussi formidable ! Une organisation avec qui je prends autant de plaisir à travailler, des personnes engagées : cela va être le point d’attention pour tous mes entretiens. J’aspire à travailler sur des sujets qui me portent : le lien social, l’insertion, le bien vivre ensemble. Je serai vigilante à la dynamique d’équipe et un environnement de travail tourné vers l’acceptation, le respect de l’autre dans ce qu’il est et ce qu’il apporte.
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